Pêche chinoise - Jean-Baptiste Le Prince

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Jean-Baptiste Le Prince est un peintre, dessinateur et graveur né à Metz, le 17 septembre 1734 . Il commence ses études dans sa ville natale avant de se rendre à Paris. Là-bas, il devient l’élève de François Boucher. Comme la plupart des artistes de son époque,  il va ensuite se former en Italie. Il séjourne également en Hollande et étudie les eaux-fortes de Rembrandt. Il continuera de beaucoup voyager durant sa vie, notamment en Russie. De ces voyages, il rapporte des dessins, paysages, costumes et vêtements des peuples russes. Après son retour à Paris, et suivant la mode des chinoiseries et turqueries de l’époque, il invente la “russerie”.

Pour sa toile "Pêche chinoise", Jean-Baptiste Le Prince s’est inspiré d’une toile existante de son maître : Pesche chinoise ou Pêche chinoise réalisée en 1742 par François Boucher.

Ici, François Boucher répond à une commande de Jean-Baptiste Ourdy. Il produira dix toiles avec des objets chinois de toutes sortes.

Sa toile "Pêche chinoise" s’inscrit dans un moment de développement pour les Indes orientales, plus précisément la Chine. Inspiré des “pagodes” ou des figures chinoises observées dans les cabinets d'amateurs, François Boucher ne cherche pas à reproduire la Chine de manière fidèle, mais plutôt à recréer une ambiance exotique. Le choix des sujets est artificiel et la seule importance ici est l’impression générale d’exotisme dégagée par le tableau. François Boucher maîtrise très bien les codes de son époque avec les formes, décors et matériaux qui sont utilisés.

Ces deux toiles s’inscrivent dans une époque où les Indes restent, par leur éloignement géographique, inconnues et mystérieuses pour les Européens. Elles représentent l’expression d’une passion pour les objets d’art importés, notamment des céramiques, qui sont les seuls représentants de la culture orientale. Aussi, au travers de ces tableaux, les artistes veulent représenter une fable aimable, un peu fantaisiste, avec des costumes traditionnels. François Boucher s’est inspiré des sources dont il pouvait disposer : les motifs décoratifs chinois et les estampes européennes créant des paysages orientaux, qui sont les principaux témoins d’un mode de vie à la chinoise.

Jean-Baptiste Le Prince s’est fortement inspiré de la toile de son maître. Les structures des tableaux sont similaires, de même que les personnages représentés et l’exotisme qui s’en dégage. Les principales différences se voient au niveau des couleurs. La composition de la toile de Jean-Baptiste Le Prince est également plus simple : il s’agit d’un schéma traditionnel en triangle. Il a retiré des éléments qui complexifient la structure générale en supprimant certains personnages et en créant un ciel plus clair. L'arrière-plan de la toile est également dégagé. De manière générale, la toile de François Boucher fourmille de détails alors que celle de son élève semble plus édulcorée. On peut donc ici distinguer les styles des deux artistes. La création de la toile de François Boucher est représentative du style rococo. Il s’agit d’un mouvement artistique caractérisé par son abondance de détails et de courbes asymétriques dont Jean-Baptiste Le Prince semble moins faire partie.

Cette forme d’exotisme à la chinoise a beaucoup contribué à la création d’une sociabilité élégante et distinguée chez les élites. Les chinoiseries, c’est-à-dire les objets d’art qui cherchent à imiter les techniques chinoises, sont appréciées pour leur rupture avec les codes traditionnels. Elles sont cependant exposées dans des espaces secondaires ou dans des résidences champêtres, et non dans les pièces principales des maisons. Ces toiles rappellent néanmoins l’important commerce avec la Chine, qui a beaucoup influencé les arts du 18e siècle.

Emma Laurent

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