Enfant endormi, arc et carquois

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Enfant endormiAppelé parfois « L’Amour endormi », cet enfant en a les attributs (arc, carquois, flèches) sauf une paire d’ailes dans le dos. C’est pourquoi nous préférons parler d’« Enfant endormi ».

Cette œuvre dérive d’un archétype dont plusieurs exemplaires sont de Pierre-François Le Roy ou lui sont attribués, avec entre eux des similitudes (pose, allure générale) et des différences (cheveux, plissé de la draperie, structure de la terrasse). Un « Amour endormi » (qui, lui, a bien des ailes) conservé au château de Laeken, signé et daté de 1776, fait partie de cette « famille » qui s’inspire d’une terre cuite de Le Roy identifiée en 1936 mais dont on a perdu la trace.
En 2011 est apparu sur le marché de l’art aux Pays-Bas un marbre de Laurent Delvaux (1696-1778) qui figure le même sujet, probablement inspiré d’un modèle italien. Le Roy le traite cependant de façon assagie, plus suave que Delvaux, qui se montre encore baroque.

Pierre-François Le Roy naît à Namur le 14 janvier 1739, de parents bourgeois mais peu aisés. D’un talent précoce, il part vers 1753 se perfectionner à Paris chez l’Anversois Jacques Verberckt (né à Anvers en 1704) ornemaniste réputé qui travailla, entre autres, pour Louis XV à Versailles (cabinet du Conseil, chambre à coucher du roi). Il y restera jusqu’à 1755 au plus tard, quand le manque d’argent le fit rentrer à Namur. Reçu bourgeois le 12 septembre 1758 « et (…) agréé comme maître sculpteur par la corporation de son père, celles des menuisiers, tourneurs et sculpteurs de la ville (…), il allait toutefois être émancipé de cette corporation comme de celle des autres villes, grâce à l’ordonnance impériale de 1773 affranchissant les artistes peintres et sculpteurs ainsi que les architectes de la tutelle corporative. ».

Après avoir restauré les statues des Saints Pierre et Paul de l’église Saint-Loup et réalisé une Sainte Anne (bois) pour la même église, il partit pour Nivelles en 1760, où il restera 18 mois  dans l’atelier de Laurent Delvaux, sculpteur de la cour de Charles de Lorraine, Gouverneur général des Pays-Bas.

De retour à Paris vers 1765, il suit les cours de l’Académie et est choisi comme assistant par Charles Bridan, sculpteur du roi, qui deviendra membre de l’Académie royale. Le Roy exécutera des commandes pour lui et l’accompagnera à Carrare pour sélectionner et acheter le marbre nécessaire à la réalisation d’une « Assomption », groupe colossal pour la cathédrale de Chartres dont il avait réalisé, en plâtre, l’agrandissement de la maquette en taille réelle.

Ayant également visité Florence et Rome, Le Roy séjourna 4 années en Italie pour, après un bref passage par Paris, chez Bridan, revenir à Namur en 1773.

« Mais, contre toute attente, ses débuts dans sa ville natale furent difficiles. Bien que nanti d’une formation supérieure auprès de grands maîtres au pays et en France, et d’une expérience confirmée en Italie, il ne rencontra pas suffisamment le succès, du moins aux premières années. En fait, son travail du marbre, très exigeant et méticuleux, prenait beaucoup de temps et, en tenant compte aussi du coût élevé du plus pur marbre de Carrare, qu’il affectionnait, ainsi que du transport, ses prix ne pouvaient qu’être élevés. C’est ce qui le détermina à se replier en partie sur la sculpture en bois, aisée, rapide et beaucoup moins coûteuse à la façon et à la vente ; on peut supposer qu’il travailla ainsi pour l’industrie de l’ameublement, l’un des fleurons de sa ville, d’autant plus que c’est ce qu’il fit (…) pour sa propre habitation. En outre, s’il était le seul de sa force dans sa province, il y avait ailleurs dans le pays plusieurs excellents maîtres. » 1
Si l’impératrice Marie-Thérèse acquiert plusieurs de ses œuvres en 1774 et si, en novembre de la même année, l’abbé de Floreffe lui commande un « Père éternel », cela n’est pas suffisant pour le tirer vraiment d’embarras.

« En ce qui concerne son habitation à Namur, Le Roy occupait en novembre 1774 une maison louée et plutôt modeste. Ensuite, le sculpteur et son épouse achetèrent deux maisons mitoyennes de taille moyenne mais bien situées, dans une rue principale à côté du marché de l’Ange (rue de l’Ange, les quatrième et cinquième maisons après l’angle de la place de ce nom). Ils acquirent la première en 1777 (…), c’était leur habitation. Ils achetèrent après la seconde maison, voisine, qu’ils donnèrent en location.
Mais l’éloignement de Bruxelles, siège du gouvernement et, dans le pays, l’un des principaux lieux de fréquentation des amateurs d’art, incita Le Roy à y prendre pied sans quitter vraiment sa ville natale : en 1782, il prit en location pour neuf ans une maison moyenne près de la cour, rue de Ruysbroeck, ce qui confirme son accession, enfin, à l’aisance. »
1

En 1787, lors des premiers troubles suscités par les réformes entreprises par l’empereur Joseph II, Le Roy est resté ouvertement fidèle au gouvernement des Pays-Bas et à la cour de Vienne. Il a eu sa maison pillée et saccagée en 1789 et, après maintes péripéties, il s’établit à Bruxelles en 1794 pour y mener une existence obscure. Il mourra chez son fils Pierre Jean-Baptiste, qui fit carrière de dessinateur et peintre.

Sculpture sur marbre de Carrare, +/- 28 x 44 x 24 cm
Non signée, non datée (4ème quart du 18e siècle)
Hôtel de Groesbeeck-de Croix - Musée des Arts décoratifs

Bibliographie :

DUQUENNE, Xavier : La vie de Pierre-François Le Roy, sculpteur de Namur (1739-1812) dans Les Le Roy (XVIIIe-XXe s.), une dynastie d’artistes, Namur, Société archéologique de Namur, 2006 (catalogue d’exposition)
JACOBS, Alain : Les œuvres du sculpteur Pierre-François Le Roy dans id.

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