Les céramiques de la Compagnie des Indes orientales

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L’Orient fascine depuis toujours les royaumes d’Occident. Au 15e siècle, le début de la période des grandes découvertes modifie le commerce international en créant des liens avec ces pays éloignés. Trois pays principaux s’emparent de ce commerce : le Portugal, qui établit un comptoir en 1553 à Macao (Chine), les Hollandais, qui vont être les premiers à faire du commerce de masse, et la Grande-Bretagne.

Ce sont principalement les Hollandais qui vont bouleverser le commerce. Jusqu’au 17e siècle, le négoce de produits de luxe génère d'importants bénéfices pour les pays occidentaux. Les Hollandais créent, en 1602, la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Les objets ramenés par ces bateaux sont vendus sur le marché français et vont développer le goût pour les céramiques orientales. Les Français, inspirés par ce modèle économique, vont, à leur tour, créer leur compagnie, appelée Compagnie des Indes Orientales en 1664, grâce à Jean-Baptiste Colbert. Ses statuts l'assimilent à une manufacture royale avec tous les privilèges associés (exemption de taxes, monopole du commerce dans l'hémisphère oriental...). La Compagnie des Indes se développe surtout au 18e siècle, période à partir de laquelle elle envoie une dizaine de bateaux par an en Chine. On parle alors d’orientalisme pour cette mode, mais le pays principal duquel les objets sont importés reste la Chine. La période de la Régence principalement, entre 1715 et 1723, est un moment de profusion de ces porcelaines et céramiques qui prennent alors une grande valeur.

À partir du 18e siècle, la démocratisation du goût dans toutes les classes de la société grâce aux marchands de Paris et de province accentue le phénomène. Cette mode est également ostentatoire : c’est une période où l’on montre ses richesses.

Il existe plusieurs styles pour les céramiques importées. .Le début du 18e siècle est dominé par les bleus et blanc Ming et les décors dit "Imari chinois". Ensuite, la manufacture impériale de Jingdezhen développe la “famille verte”. Enfin,le règne de l'empereur Yongzheng (1678-1735), voit apparaitre la “famille rose”. Généralement, on retrouve des assiettes à décors floraux et de type asiatique assez simples. Il arrivait également que les Occidentaux envoient des modèles de décor pour qu’ils soient reproduits avec le style asiatique. Ces objets importés sont donc une vraie fusion entre l’art français et l’art chinois.

La réalisation des céramiques consiste d’abord en la création de la pâte à l’aide de minéraux comme le kaolin ou le feldspath, un groupe de minéraux. Les décors peuvent être réalisés à cru (sans cuisson) ou après vitrification (obtenue par cuisson à haute température). Ces décors changent selon les objets et la technique de décoration. Les couleurs des céramiques importées étaient encore restreintes jusqu’au 18e siècle. Puis, la découverte de minerai tel que le cobalt ou le cuivre permettent davantage de créativité avec une gamme de couleur plus large.

Les pièces conservées au Musée des Arts décoratifs de Namur représentent une partie de l’abondance des objets importés. On reconnaît une grande créativité dans les thèmes abordés. Les assiettes étaient souvent ornées de fleurs, mais on pouvait également retrouver des décors plus élaborés avec des oiseaux dans des branchages fleuris.

L’attrait pour les céramiques chinoises stimule les Européens à réaliser à leur tour des céramiques orientalisantes. Ces manufactures de céramiques se multiplient partout sur le continent au 18e siècle. Cependant, même avec ce développement, les céramiques orientales restent appréciées pour leur pâte dure et blanche, leur finesse et leur légèreté ainsi que l’exotisme de leurs décors.

Emma Laurent

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