Collection de faïences de Delft

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Le Musée des Arts décoratifs de la ville de Namur possède quelques exemples de faïencerie hollandaise. Ce sont principalement des dépôts du Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Ces faïences hollandaises, appelées faïence de Delft ou bleu de Delft, sont des objets typiques de l’art hollandais des 17e et 18e siècles.

La création de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales en 1602 entraîne l’arrivée massive d’objets d’art asiatique et notamment chinois en Hollande. Parmi ces derniers, les porcelaines chinoises connaissent un engouement sans précédent de la part des habitants. Les faïenciers s’inspirent immédiatement de ces nouveaux modèles. En cherchant à imiter la porcelaine chinoise, ils mettent au point une terre de faïence au grain fin et recouverte d’un émail stannifère, c’est-à-dire un émail avec de l’étain, qui permet aux faïenciers d’approcher l’aspect de la porcelaine chinoise. Pendant le 17e siècle, les faïences sont majoritairement bleues. Elles sont décorées à l’aide de cobalt, un métal naturellement noir qui, une fois chauffé, permet d’atteindre ces différentes nuances de bleu.

L’influence combinée des arts asiatiques et européens donne naissance à un genre nouveau qui fait la renommée de Delft, qui devient alors le plus grand centre européen de faïence au 17e siècle. Cette dernière bâti sa réputation avec la fabrication d’une faïence d’une qualité remarquable, réalisée dans une vingtaine de centres de création. La production se diversifie en plusieurs objets du quotidien : des vases, des boîtes à thé, des plats et assiettes, des objets de décoration… Passées les premières influences avec les faïences en camaïeu de bleu, celle-ci s'enrichit de nouvelles couleurs telles que le rouge, l’or, le rose et le noir durant le 18e siècle.

Les faïences de Delft sont remarquables par leur qualité. Au 17e siècle, particulièrement, les objets abordent des formes élégantes, la faïence est légère, son émail est d’un blanc pur et la glaçure est éclatante. Les motifs, riches, sont nets et rappellent les décors européens ou d’Extrême-Orient. Plusieurs catégories de faïence naissent de ces motifs : les décors d’inspiration chinoise et les décors d’inspiration européenne. Cette dernière est déclinée en plusieurs points : le Delft français avec des décors parisiens, le Delft paysan avec des décors de campagnes et de paysans, et le Delft anglais qui comprend des décors hollandais sur des faïences importées des manufactures anglaises. Les faïences sont généralement signées en dessous de la pièce, avec une marque gravée en creux ou en tampon.

La renommée de Delft inspire les villes alentour. Plusieurs villes comme Rotterdam, Gand, Francfort, réalisent à leur tour des objets en faïences. C'est le cas des carreaux de la cuisine du Musée des Arts décoratifs qui s’inspirent fortement des réalisations de Delft. Après étude, il se trouve que ces carreaux ont été réalisés à Rotterdam. Ils représentent des paysages peints en bleu dans des octogones avec une cinquantaine de thèmes différents. Les coins extérieurs des revêtements muraux ont été réalisés avec des arêtes vives. Les décors représentent des bateaux, des moulins, des pêcheurs et paysans et dans de plus rares cas des animaux (lapin, canard).

Les argiles ne peuvent pas être directement modelées en tuiles : elles doivent être drainées, puis découpées en bloc et stockées dans des caves humides. Une fois l'élasticité requise atteintes, les morceaux d’argile peuvent être façonnés en octogones puis cuits. Pour peindre les scènes exposées, les peintres ont des modèles. Le carreleur dessine avec des pinceaux, puis remplit les différentes zones et crée les ombres. Ensuite, les carreleurs appliquent la glaçure et font cuire une deuxième fois les carreaux d’argile pour fixer les décors. Ils sont laissés plusieurs jours à refroidir, puis ils sont prêts à l’utilisation.

Emma Laurent

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