La céramique française

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Le secret de la céramique orientale est finalement percé au 18e siècle à Meissen, dans la Saxe. Les Occidentaux découvrent le kaolin, une pierre blanche originaire de Chine donnant aux céramiques la solidité et l’esthétique recherchées. La France est alors attirée par cette production et l’économie qu’elle engendre. N’ayant pas encore les matières premières indispensables à la création d’une porcelaine à pâte dure, elle se spécialise d’abord sur la production de céramique à pâte tendre, c’est-à-dire des céramiques sans kaolin. Cette production devient la spécialité de la manufacture de Sèvres, ouverte en 1740 dans les Haut-de-France, qui concurrence directement Meissen. Même si les céramiques étaient encore imparfaites, elles jouent un rôle dans le développement de quelques manufactures françaises. C’est seulement à partir de 1768 et de la découverte du premier gisement de kaolin près de Limoges que la véritable compétition entre les royaumes commence.

Le succès de la céramique au 18e siècle fait que la concurrence est rude. Certaines manufactures se spécialisent dans la production de porcelaine, plus délicate. La porcelaine peut être de multiples nature : extrême-orientale, occidentale, pâte dure ou tendre, “à desseins coloriés”, c’est-à-dire avec des motifs en couleurs, ou à dessins monochromes, avec une seule couleur. Elle a un aspect translucide et laiteux grâce à une glaçure appliquée lors de sa fabrication qui lui donne un aspect brillant. Un émail appliqué à l’état de biscuit, lorsque la pâte est cuite deux fois (bis-cuit), donne une certaine résistance et permet d’ajouter diverses couleurs à la production. On retrouve une grande production de ces porcelaines dans l’Est de la France, là où les coûts de production sont moins élevés. En effet, l’Est de la France accueille quelques-uns des grands centres de production de l’époque : Niderviller, Les Islettes, Lunéville,… Aujourd’hui, le Musée d’Arts décoratifs de la ville de Namur possède des pièces de ces différentes entreprises.

La faïencerie de Niderviller, dont le Musée possède une corbeille ajourée à décor de bouquet attribué au peintre Anstet et une soupière dite rocaille à décor floral polychrome, est l’une des plus anciennes manufactures de Lorraine, et l’une des trois dernières encore en activité. S’il s’agit de la seconde manufacture à avoir créé de la porcelaine, c’est la première à avoir réalisé de la porcelaine marchande. On accorde beaucoup d’importance au décor peint et aux décorations qui viennent embellir l’objet. Les porcelaines ne sont pas simplement des “curiosités meublantes” au 18e, ce sont des objets d’art à part entière que proposent les marchands-experts, comme on peut le voir ici avec cette soupière qui a une poignée en forme de légume. Les décors et les formes des objets sont travaillés afin d’avoir un rendu le plus intéressant possible.

La production de porcelaine s’est suivie au cours du 19e avec plusieurs objets remarquables. Dans les collections communales, on peut retrouver plusieurs objets de Niderviller, mais également de Rouen, Lunéville et Les Islettes.

La manufacture des Islettes, dans le Grand-Est, a eu une production importante de céramique. Cette dernière comportait des bons ouvriers, notamment issus de grandes faïenceries de l’Est de la France, ce qui garantissait une qualité supplémentaire pour la production. Les porcelaines des Islettes se reconnaissent à leurs émaux blancs et à leurs colorations franches et vives, de rouge et de vert cernées de traits bruns ou noirs. Les plats et assiettes sont souvent peints en polychromie.

Le Musée d’Arts décoratifs de la ville de Namur possède également un exemplaire issu d’une des plus grandes manufactures françaises des 18e, 19e et 20e siècles : la manufacture de Sèvres, en Île-de-France. Cette dernière a été une entreprise privilégiée depuis le 18e siècle en accueillant de grands artistes comme François Boucher ou Rodin. À l’origine, elle était spécialisée dans la réalisation de porcelaine à pâte tendre. Depuis son ouverture, la manufacture n’a pas cessé de fonctionner et aujourd’hui encore elle est reconnue comme une des plus grandes manufactures françaises. Les collections communales du Musée d’Arts décoratifs possèdent un encrier en porcelaine bleue de Sèvres. Il s’agit d’un objet réalisé en 1915, mais reprenant les codes du 18e siècle.

Emma Laurent

 

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