Namur s’inscrit dans une longue tradition de production de céramique utilitaire et artistique. Les sous-sols de la région sont particulièrement propices au développement des terres noires. En 1738, Marie-Thérèse d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas autrichiens, demande à connaître la situation de l’industrie à Namur. En 1782, elle donne l’autorisation de trier les terres et sables pour la fabrication de grès et de faïence. La région namuroise comprend des gisements d’argile noire appelée derle, obtenue à partir de bois fossilisé. La production était localisée et réduite à l’origine.
L’Angleterre, pendant la seconde moitié du 18e siècle, développe fortement son industrie céramique et la pâte noire anglaise est imitée dans les régions belges tout en gardant les formes continentales traditionnelles. Ce sont les céramiques lustrées qui inspirent principalement les artisans locaux, qui réalisent alors des productions vitrifiées. Plusieurs villes produisent des terres noires : Sept-Fontaines, Nimy-lez-Mons, Oostmalle, Bruxelles, Andenne et Namur.
Les productions namuroises sont un peu différentes cependant : appelées faïence fine noire de Namur, les céramiques ont une pâte dure, très foncée, une texture avec un grès très fin et une glaçure noire vitrifiée très brillante. Les productions de Namur sont plus rustiques que les autres. De plus, les artistes namurois du 18e siècle sont à l’origine d’une véritable collection référence de terres noires belges même si sa couleur s’inspire à l’origine des terres cuites britanniques.
Les productions de terres noires visent principalement les élites. Surmontées de détails argentés comme les céramiques anglaises, les objets appartiennent souvent à l’aristocratie. Le principe esthétique de ces céramiques est l’harmonie entre le noir de la terre cuite et l’argenté des détails.
Aujourd’hui, les terres noires de Namur conservées dans les collections du Musée des Arts décoratifs de la Ville de Namur comprennent surtout une collection de vaisselle, essentiellement des services à café et à thé.
Emma Laurent
