Les verreries Zoude

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En Belgique au 18e siècle, plusieurs entreprises produisent du verre ordinaire et seuls quelques maîtres produisent du verre pur. En 1743, François Hyacinthe Colnet établit une verrerie aux portes de Namur. A son décès en 1748, Sébastien Zoude, un bourgeois marchand et changeur de monnaie, reprend l'entreprise et se lance dans orfèvrerie avec l'ambition de faire du cristal anglais. Il envoie son fils, François, en Angleterre pour pouvoir observer les techniques mises au point dans leurs usines. Sébastien Zoude va faire venir des artisans anglais dans son entreprise afin d'avoir une main d’œuvre qualifiée. En parallèle, il découvre, à Anvers, le minium (Oxyde de plomb de couleur rouge, utilisé comme antirouille) et son contact avec les verriers anglais lui permet de développer une nouvelle formules de production du verre au plomb. De plus, Sébastien Zoude utilise le charbon, alors abondamment présent en Wallonie, ce qui évite que les dégagements de fumée altèrent la couleur du verre. Soutenue par les droits de douane appliqués aux verreries étrangères, la production de l’entreprise Zoude devient compétitive et la verrerie prospère.

Sébastien Zoude devient le premier producteur de cristal anglais sur le continent. Il en profite pour développer ses ateliers aux portes de Namur, toujours en restant à proximité des mines de charbon. L’entreprise propose une gamme de produits assez larges : des objets simples, comme les gobelets et les bouteilles, aux objets de luxe comme les lustres et cristal taillé. Cependant, l’utilisation de plomb dans l’usine altère la santé de Sébastien Zoude qui meurt en 1776. Sa femme gère l’entreprise pendant un temps, mais abandonne la fabrication de cristal, car la production est de plus en plus compliquée à écouler. Elle répartit les parts entre les enfants ce qui permet la création de la société Zoude. C’est finalement François Zoude qui reprend l’exploitation. L’entreprise connaît une période de transition entre 1785 et 1818 due au contexte tourmenté de l’époque : les Etats Belgiques unis ne durent pas et les Autrichiens reprennent le pouvoir en décembre 1790.

Après cette transition, c’est Louis Zoude qui reprend l’affaire. Malgré la période difficile au début du régime hollandais, il fait redémarrer la verrerie, désormais appelée Louis Zoude et Compagnie. Le nouveau propriétaire produit un important effort de redressement de la verrerie namuroise. Il peut désormais traiter d’égal à égal avec les autres maîtres verriers du pays, suite à un accord tarifaire du 25 août 1825. Louis Zoude s’adapte parfaitement au nouveau régime de la Belgique indépendante, et devient rapidement une personnalité namuroise.

Dans le même temps, la cristallerie de Vonêche, une des plus grandes cristalleries européennes, connaît des difficultés suite au changement de régime de l’entreprise, qui est rattachée aux Pays-Bas alors qu’elle commerçait principalement avec la France. Louis Zoude propose au propriétaire, Aimé-Gabriel d’Artigues, de racheter la cristallerie. Malgré les offres de la principale concurrente, la cristallerie Val-Saint-Lambert, c’est finalement la compagnie Zoude qui remporte le marché. L’usine namuroise est transformée pour introduire des nouvelles machines venant de Vonêche et une partie du personnel qualifié de la même entreprise. Cet ajout permet à l’entreprise Zoude de surmonter les crises des premières années de l’indépendance belge et de soutenir la concurrence du Val-Saint-Lambert. Aujourd’hui, une partie de la production de l’entreprise Zoude est conservée dans les collections communales.

Le 19e siècle est une phase d’expansion pour la verrerie-cristallerie de Zoude. Louis Zoude décide de reprendre la production de cristal, alors interrompue depuis 1779, et d’utiliser à nouveau du charbon de terre. Ce dernier avait été abandonné pendant le régime hollandais au profit du bois. En 1835, la taillerie de Zoude est mue par une machine à vapeur. À l’automne 1835, les deux plus grandes cristalleries de Belgique sont l’entreprise Zoude et le Val-Saint-Lambert. Ils s’affrontent lors de l’Exposition des produits de l’industrie nationale de Bruxelles. C’est finalement le Val-Saint-Lambert qui remporte la plus haute distinction. Cela n’affecte pas la prospérité de l’entreprise Zoude, qui, en 1850, ouvre une usine moderne à Jambes.

La création d’une verrerie à Herbatte en 1851 inquiète Louis Zoude : cette nouvelle usine est ouverte par un ancien verrier de l’entreprise. Finalement, la société d’Herbatte prend en importance, et en 1867 la société Louis Zoude et Compagnie cède ses usines à la Société anonyme d’Herbatte-lez-Namur. La fusion de ses deux dernières permet de créer la Compagnie anonyme des cristalleries et verreries namuroises, mais elle connaît des difficultés face au Val-Saint-Lambert. En 1879, la société propriétaire du Val-Saint-Lambert absorbe sa concurrente et devient Société anonyme des cristalleries du Val-Saint-Lambert. Cette nouvelle société ferme la verrerie rue Basse Neuville et le dépôt de Bruxelles, ne laissant exister que les usines de Jambes et d’Herbatte.

Emma Laurent

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