Un lieu d’histoire

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Comme son nom l’indique, le site des Bateliers accueillait, au siècle dernier, une école de batellerie. Une première en Belgique !
Jusqu’au début du 20e siècle, les enfants de bateliers, « ces éternels errants de l’eau, ballotés d’école en école et ne demeurant jamais plus de quelques jours au même endroit », ne recevaient qu’une éducation sommaire et bon nombre d’entre eux étaient même illettrés.

C’est donc à Namur, au confluent de la Sambre et de la Meuse, que les Sœurs de la Charité créent un internat sur mesure qui les héberge et les forme à leur future vie de marinier.
L’école Saint-Jacques des Bateliers s’ouvre le 8 décembre 1903 dans l’ancien hôpital Saint-Jacques, rue des Carmes. Mais les bâtiments sont vétustes et pour des raisons sanitaires (les épidémies sont courantes en ce début de siècle !), les religieuses décident de quitter ces locaux insalubres.
En 1905, elles s’installent dans l’ancien couvent des Carmélites, rue Saintraint (anciennement rue Saint-Aubain) et dans la maison voisine, ancienne demeure du Baron de Doulingen.

Pour la petite histoire, les Carmélites venaient de quitter le couvent de la rue Saintraint, qu’elles occupaient depuis 1838, pour s’établir rue d’Enhaive à Jambes. Dans l’ancienne chapelle, aujourd’hui accueil du pôle muséal, un vitrail rappelle leur présence : il symbolise la remise des insignes du Carmel par la Vierge et le Christ à des enfants de bateliers.

Fin des années 50, les Soeurs de la charité sont rappelées à Besançon et des Ursulines reprennent le flambeau dès la rentrée de septembre 1960, avec le même enthousiasme et le même dévouement, précise-t-on dans les journaux de l’époque.

Dans les années soixante, l’école Saint-Jacques compte quelque 120 enfants, une soixantaine de garçons et une cinquantaine de filles.
Les élèves, de 6 à 14 ans, sont encadrés par les religieuses secondées par des professeurs laïcs.
Malgré cette fréquentation, les responsables de l’école ont d’énormes difficultés à nouer les deux bouts. En cause, des locaux vétustes, difficiles à entretenir, des charges importantes et très peu de subsides des pouvoirs publics pour faire fonctionner l’établissement et payer le personnel.

Ecole en perdition

En 1975, après des années de vaches maigres et de revendications, une grande grève des bateliers éclate, qui paralyse la Belgique pendant de longues semaines. Namur est l’un des lieux les plus combatifs. Cette crise de la batellerie et d’autres facteurs, tels que la volonté des enfants de bateliers de choisir leur propre voie plutôt que de poursuivre une profession « à risques », vont précipiter la fermeture de l’école, en 1980.

Cette même année, la Ville décide de racheter l’école des bateliers et sa chapelle néo-classique pour lui donner une vocation culturelle. L’immeuble voisin, qui abritait l’internat, est vendu à des privés.
En tant que bâtiment lié à la batellerie, l’ancienne école professionnelle sera reconnue comme Site d’Activité à Rénover (SAR), ce qui ouvrira la voie aux subsides régionaux dans le cadre de sa complète rénovation.

Véritable institution à Namur, l’école Saint-Jacques des Bateliers jouissait d’un vrai capital de sympathie auprès des habitants. En près de 80 ans, elle a accueilli plus de 3000 élèves…

Par la suite, le site des Bateliers continuera à cultiver l’esprit des enfants, mais aussi des adultes en quête de savoir et de créativité. Les religieuses et les enseignants sont parties… place aux artistes !

Les artistes entrent en scène

En 1984, quatre ans après la fermeture de l’Ecole des Bateliers, le bâtiment trouve une nouvelle vocation, ancrée dans la vie culturelle namuroise. La Ville de Namur décide en effet de le mettre à disposition de ce qu’on appelle à l’époque la Maison de la Culture de l’Arrondissement et le Centre théâtral de Namur. L’ancienne chapelle est transformée en salle de théâtre de 100 places, appelée « Les Bateliers », qui complète deux autres lieux de spectacle, la Maison de la Culture à Namur et le Centre Marcel Hichter à Wépion.

En 1986, les ateliers créatifs voient le jour et seront eux baptisés B’Ateliers, en hommage au site qui les héberge.

En 1993, tout ce petit monde sera regroupé sous l’appellation Espace Sud.

Durant près de 15 ans, de 1984 à 1997, la chapelle des Bateliers accueille des pièces de théâtre, de la danse et même de la vidéo. On y joue des spectacles aussi variés que « Gouttes sur les pierres brûlantes » de Fassbinder, « La princesse Maleine » de Maeterlinck, « Le neveu de Rameau » de Diderot, « Orgie » de Pasolini, « The show must go on » du Groupov, « Westerbork 43 » de Bernard Tirtiaux, « Hello Joseph » de Yves Hunstad, « Salut Lenny » avec Jean-Marie Pétiniot…
Pas mal de compagnies et de comédiens namurois y font leurs armes, notamment Jean-Marie Evrard avec les Zygomars, Jean-Michel Frère et la compagnie Victor B, Christian Leblicq de la compagnie Hypothésarts.
C’est dans la chapelle des Bateliers que l’un de nos plus grands ambassadeurs, Benoît Poelvoorde, débute sur les planches avec « La règle du jeu » et quelques années plus tard, « Modèle déposé » mis en scène par Bruno Belvaux.

Les Bateliers, c’était aussi une (petite) salle de concerts et aujourd’hui encore, les Namurois qui l’ont fréquentée se souviennent avec émotion (et la fierté des fans de la première heure !) des prestations d’un Dominique A, encore un peu maladroit, qui deviendra quelques années plus tard le figure de proue de ce qu’on a appelé la nouvelle chanson française.

Des B’Ateliers aux Ateliers’Bis

De 1986 à 2000, les B’Ateliers accueilleront près de 3000 enfants dans des ateliers d’arts plastiques, de musique, de danse, de théâtre. Toutes les classes de l’ancienne école des bateliers seront réquisitionnées, les murs de la cour de récréation repeints dans l’esprit du Street Art, les vieilles cabines-douches métamorphosées. L’imagination au pouvoir !

Mais toute cette effervescence au sein de l’îlot n’empêche pas les bâtiments de se détériorer. Sur base d’un rapport des pompiers, qui pointe l’insécurité des lieux, la Ville décide de fermer le site en vue de le réhabiliter.

A l’emplacement de l’école des bateliers, les autorités communales décident de créer un tout nouveau Musée archéologique au sein d’un véritable îlot culturel.

Quant aux ateliers artistiques, ils sont relogés, dès 2000, dans l’école communale du Centre à Namur avant de prendre possession de leurs nouveaux locaux au Centre Culturel de Namur situé sur l'ancien site des abattoirs de Bomel.

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