Les rochers de Freyr par Renée PRINZ

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Renée PRINZ - Les rochers de Freyr
Huile sur toile

Une péniche remonte la Meuse, vers Givet. C'est d'abord vers elle que le regard est attiré, elle se détache du bleu intense de l'eau, qui est rehaussé de touches plus claires rapidement brossées. C'est autour de ce bateau, seul signe de vie, et du fleuve qu'est articulée la composition. A droite la masse des rochers, reflétée dans la zone inférieure, se détache dans des tons gris, blancs, verts et jaunes avec une touche de bleu, derrière un bref avant-plan où des touches majoritairement vertes, jaunes et rouille suggèrent de la végétation dans différentes tonalités. Les rochers de la rive gauche se déclinent dans des tons bruns, verts et mauves, en arrière-plan du château dont la présence est tellement discrète qu'elle en devient anecdotique. Un peu plus à droite, dans des tons surtout beiges, bleus, verts et bruns, le ruban de la route souligne les courbes de la Meuse, le long du vert des prairies. Le tout est couronné par un ciel clair, légèrement nuageux. Voilà pour l'essentiel.

Il s'agit d'un paysage à part entière, représenté pour lui-même, la péniche n'étant là que dans un souci de composition et le château parce qu'il fait partie –ici discrètement- du site. La touche (les coups de pinceau) est large, rapide et par moments fragmentée, comme chez les impressionnistes qui rendaient ainsi le jeu de la lumière. C'est une caractéristique de l'œuvre de Renée Prinz, qui peignait ses paysages « sur le motif » c'est-à-dire en plein air. Par endroits, la peinture a été généreusement appliquée, laissant des empâtements colorés.

Née à Anvers de parents Liégeois, dont un père officier supérieur, Renée Prinz fut, au fil des tribulations familiales, élève des Académies de Mons d'abord, Anvers ensuite puis enfin Namur à partir de 1905. Elle y sera élève de Nicolas Vanden Eden puis Désiré Merny, par lesquels elle contracte peut-être le virus du paysagisme car elle est d'abord paysagiste, même si on lui doit aussi des portraits et des natures mortes (la Ville en possède). On lui inculqua ainsi une certaine tradition, car Merny était plutôt circonspect vis-à-vis de l'Art moderne.

Elle fera toute sa carrière à Namur mais ses débuts coïncident avec des escapades dans les vallées de l'Ourthe et de la Semois, ainsi que dans la Campine anversoise. Plus tard, l'exode de mai 1940 la pousse sur les routes de France où elle se pose en Haute Garonne. De tous ces voyages, de toutes ces excursions, elle rapportera essentiellement des paysages, tout comme après un séjour au littoral belge en 1945.

En 1947, elle est membre de l'Atelier des Artistes mosans avec Yvonne Gérard, Yvonne Perin, Albert Dandoy, Albert Houart, Georges Lambillotte et Louis-Marie Londot, que d'autres rejoindront par la suite. Encouragés par les autorités, ils avaient un local-atelier à l'étage de la Bourse de Commerce (l'actuel Centre de congrès, place d'Armes) et un subside annuel de fonctionnement leur était alloué. Ce cercle fut marqué par les personnalités d'Y. Perin et Y. Gérard. Ces deux caractères semblent ne pas s'être accordés puisqu'après quelques mois Y. Perin fit sécession avec une partie du groupe. Renée Prinz ne dut pas l'accompagner puisqu'elle se rendra au littoral avec Y. Gérard en 1953. Ensuite elle visitera l'Italie (1964) et la Provence. Elle effectua toujours ces voyages avec son attirail, ramenant essentiellement des paysages.

Pratiquant la peinture à l'huile et l'aquarelle, Renée Prinz exposa un peu partout en Belgique, à titre personnel ou en groupe. En 1969, une exposition rétrospective lui fut consacrée à la Maison de la Culture de Namur, relayée deux ans plus tard à l'Hôtel de Ville de Marcinelle. « On sent que cette artiste douée, en possession d'un métier très sûr, aurait pu dans un contexte plus stimulant que celui qu'elle a connu à Namur dans l'entre-deux guerres, développer un autre type de recherche davantage inspiré des expressions modernes. » (« Arts plastiques.... » p.16)

Thierry Oger
(photo : Jacques Leurquin)


Sources disponibles à la Bibliothèque communale, venelle des Capucins :

« Dictionnaires des peintres belges du XIVème siècle à nos jours » Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995
« Arts plastiques dans la province de Namur. 1945 – 1990 » Bruxelles, Crédit communal, 1991

Autres sources :

X : « Renée Prinz » Marcinelle, Hôtel de Ville, 1971 (plaquette éditée à l'occasion de l'exposition à Marcinelle en 1971)

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