Arara - Félix ROULIN (Dinant 1931)

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Félix Roulin - Arara
Bronze à cire perdue, acier inoxydable et pierre bleue

En 2002, à l'occasion de la première exposition Sculptures dans la ville, à Namur, les Jardins du Maïeur, les places d'Armes, du Théâtre, de l'Ange et le hall d'entrée de l'immeuble Ethias, rue de Fer, accueillaient, le temps d'un bel été, des œuvres de Félix Roulin. Peut-être vous rappelez-vous la colonne habitée de la place de l'Ange, peut-être vos enfants se sont-ils amusés à passer sous le portique installé place du Théâtre, peut-être avez-vous effleuré l'une ou l'autre sculpture dans le hall d'entrée d'Ethias. Parmi celles-ci, Arara fut acquise par la Ville.

Un torse aussi vrai que nature (il s'agit d'un moulage) émergeant d'une colonne ne laisse pas indifférent. Il y a contraste entre la plastique de ce corps et l'aspect lisse, poli, du cylindre. On pourrait dire beaucoup à son sujet, mais le mieux est de laisser la parole à l'artiste : "La colonne est verticale... comme un arbre mais... aussi comme l'homme debout. Dans notre évolution lointaine, nous sommes... devenus homo sapiens au front haut et à la stature bien droite. Quelques faiblesses du côté des vertèbres lombaires nous rappellent l'effort qu'il a fallu pour être redressé de cette façon. L'arbre, ... avec la tête aérienne et les racines, les pieds, profondément ancrés dans le sol, exprime bien la double nature de l'homme, spirituelle et matérielle, ce qui fait sa richesse et quelquefois ses contradictions. L'arbre a donné la colonne à l'architecture, les troncs d'arbres des constructions en bois ont été transposés en pierre. Ces colonnes sont devenues statues-colonnes comme les caryatides de l'Erechtéion d'Athènes ou les statues-colonnes des porches des cathédrales romanes et gothiques. C'est sur ce double héritage de l'arbre et de l'homme que je m'appuie pour concevoir et réaliser ces piliers dressés et ces colonnes habitées par des fragments de corps humains. Au cours de l'évolution de mon travail, ces éléments deviennent de plus en plus grands et de plus en plus indépendants de la structure qui les enferme, comme s'ils voulaient se libérer" (Roulin, F., cfr bibliographie, pp. 10 – 14).

Félix Roulin est un ancien de l'école d'art de Maredsous. "Dans mon parcours artistique marqué par la métallurgie du cuivre de ma ville natale, Dinant, et par les rochers de la Meuse qui ont influencé mon vocabulaire plastique, il y a eu une période abstraite" (id., p.3). C'est alors qu'en 1961 il est lauréat du Prix triennal de la Jeune Sculpture belge et, à la Biennale de Paris, du Prix du Musée Rodin. L'année suivante, il devient professeur d'art du métal à l'Institut national supérieur d'Architecture et d'Art décoratif de La Cambre, à Bruxelles. Cela ne l'empêche pas de continuer à exposer et à encore être primé à plusieurs reprises, tant en Belgique qu'à l'étranger.

A partir de 1964 il collabore avec des architectes, créant ce qu'il appelle des architectures sculptures, notamment en 1965 avec Jacques Gillet pour le Centre d'Astrophysique de l'Université de Liège. L'année suivante, il réalise une sculpture monumentale pour le centenaire de la C.G.E.R. Elle se trouve à Namur, devant la Maison de la Culture. En 1991 et toujours à Namur, Roulin conçoit deux portes en bronze pour la Présidence de l'Exécutif régional wallon (l'Elysette) à Jambes. Il réalisera encore 6 pyramides pour le CIGER à Rhisnes en 1993, le Monument Adolphe Sax à Dinant l'année suivante et, en 2001, la Porte du Millénaire place des Tilleuls, à Andenne. Entretemps il a signé, parmi bien d'autres œuvres, les Portes du Grand Hornu, une sculpture spectacle modulable pour la troupe du Plan K, qui créa le spectacle "The Penny Arcade Peep Show" à la chapelle des Brigittines, à Bruxelles en 1976 (les acteurs en sortaient, y rentraient, en ressortaient, etc.), un mur sculpture pour la Maison Wallonie-Bruxelles à Paris, la châsse de Sainte-Gertrude à Nivelles ou encore aménagé la place Pierre de Coubertin à Louvain-la-Neuve, sans oublier d'exposer jusqu'au Japon ou de participer plusieurs fois à la Biennale de São Paulo ou encore, en 1988, aux Olympiades des Arts, à Séoul. Sa fonderie est installée dans une ancienne ferme du 17e siècle à Biesmerée, près de Mettet.
          

Thierry Oger


Sources disponibles à la Bibliothèque communale, venelle des Capucins :

BENEZIT, E. : Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays..., Paris, Gründ, 1999 (nouvelles édition)
ROULIN, F. : Sculptures dans la ville, Namur, Ville de Namur, 2002

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